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Wait it's all shell scripts ?
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đ¶đ«đ¶ - Always has been
Une histoire de Catium
Je discutais un jour avec une personne du contenu que l’on consommait sur internet. Le dialogue Ă©tait Ă peu prĂšs le suivant, elle commence :
A - “Je suis abonnĂ© Ă plusieurs newsletters de journaux, de blogs, de revues
etc"
B - “Ah j’aime pas trop les newsletter, perso j’utilise des flux rss quand ils
existent"
A - souriant je crois un peu nerveusement “Ah ouais ? C’est pas vieux et
presque mort les flux rss ? Je pensais que plus personne n’utilisait ça."
B - “Bah c’est plus vraiment Ă la mode mais c’est encore presque partout et je
le prĂ©fĂšre aux newsletter parce que blablabla”
J’ai repensĂ© plusieurs fois Ă cet Ă©change depuis. Je n’ai pas Ă©tĂ© surpris pas le manque de considĂ©ration pour des technologies pensĂ©es comme vieillissantes, obsolĂštes, dĂ©modĂ©es, remplacĂ©es. J’ai Ă©tĂ© cependant marquĂ© par le fait que cette personne percevait les flux rss comme plus vieux et donc moins digne d’intĂ©rĂȘt que les mails. Pourtant les mails (entre 27 et 50 ans) sont bien plus anciens que les flux rss (23 ans). Il y a donc autre chose Ă l’Ćuvre, quelque chose qui modifie notre perception de l’anciennetĂ© d’une technologie indĂ©pendamment de son Ăąge rĂ©el. On peut imaginer pleins de facteurs pouvant l’expliquer, le taux d’adoption en est un assez Ă©vident, comme si l’on commençait Ă dĂ©compter l’Ăąge d’une techno qu’Ă partir du dĂ©clin de son utilisation. Je pense qu’il y en au moins un autre. Il se trouve que cette personne Ă©crit une newsletter et qu’elle utilise le service Substack pour le faire. Substack est une plateforme proposant des services pour construire et publier des newsletter monĂ©tisables. L’outil profite d’une certaine hype, construit par dĂ©faut des newsletter avec tous les codes esthĂ©tique du web et des pages webs associĂ©es. J’imagine que ce qui explique en partie que cette personne ne voit pas la publication et l’agrĂ©gation de contenu web Ă travers des mails comme une pratique obsolĂšte contrairement aux flux rss est le fait qu’elle le fait Ă travers un service qui a techniquement, mais surtout socialement, repackagĂ© la pratique. On n’envoie plus des mails Ă la papa, “on a un Substack”. La corolaire dit donc qu’une plateforme de la silicon valley ou un projet open source Ă la mode pourrait relancer la popularitĂ© des flux rss sans modifier quoi que ce soit Ă la techno.
Ce phĂ©nomĂšne, qui s’il en est vraiment un doit dĂ©jĂ ĂȘtre connu et porter un nom que j’ignore, se retrouve Ă mon avis avec medium et la pratique d’avoir un blog ainsi que jekyl/hugo et le fait de construire des sites statiques plutĂŽt qu’une single page app.
On peut se rĂ©jouir de cette rĂ©surgence des sites statiques pour de multiples raisons. On peut regretter - pas trop fort mais quand mĂȘme - que cela ait nĂ©cessitĂ© l’apparition de nouveaux logiciels pour motiver l’industrie Ă s’y remettre. Cela semble ĂȘtre la dĂ©monstration parfaite que parfois, peut-ĂȘtre mĂȘme souvent, ce que la technologie facilite et sa façon de se prĂ©senter Ă nous (voir le concept d’affordance, des outils de gĂ©nĂ©ration de sites statiques ont toujours existĂ©) a un impact consĂ©quent sur les comportements humains jusqu’Ă crĂ©er Ă posteriori les idĂ©es et justifications morales de son utilisation. Autrement dit, on (du moins je) voyait peu d’articles faisant la promotion des sites statiques avant l’apparition de ces outils. C’est dorĂ©navant assez frĂ©quent avec une mention presque systĂ©matique de ces outils de lĂ Ă presque oublier pourquoi un site statique est dans certains cas prĂ©fĂ©rable.
Autre constat, ces outils destinĂ©s Ă produire des sites simples, le sont assez rarement eux-mĂȘmes. Ăvidemment cela dĂ©pend du rĂ©fĂ©rentiel choisi. On aura du mal Ă argumenter qu’hugo est aussi lourd et complexe Ă dĂ©gainer que React. Mais au regard des fonctionnalitĂ©s essentielles pour un gĂ©nĂ©rateur de site statique, il est possible d’argumenter qu’hugo est un logiciel trop complexe et faisant trop de choix pour vous. On pourrait Ă©piloguer lĂ dessus, pour une autre fois et une autre personne peut-ĂȘtre.
Si ces outils ont relancĂ© l’intĂ©rĂȘt pour les sites statiques, Catium souhaite
Ă son tour profiter de l’intĂ©rĂȘt nouveau pour les sites statiques afin de
relancer l’intĂ©rĂȘt pour une certaine approche du dĂ©veloppement d’outils
numĂ©riques, que l’on choisit Ă tort ou Ă raison d’appeler convivialiste. Plus
concrĂštement cette envie s’est cristallisĂ©e courant 2022 Ă l’UniversitĂ© de
Strasbourg autour du besoin de générer des sites statiques pour le domaine de
la recherche. L’une des utilisations identifiĂ©es Ă©tait la crĂ©ation de page
personnelles pour les chercheureuses. Pour en faire une démonstration il avait
été décidé de faire la page de Marguerity Perey, chercheuse française ayant
travaillĂ© Ă l’universitĂ© de Strasbourg et ayant dĂ©couvert… le catium.
Ce projet initial de gĂ©nĂ©rer des pages personnelles de chercheureuses n’est pas
mort. Un template html et une feuille de style adĂ©quate, Ă l’identitĂ© visuelle
Unistra, pourrait aider à le concrétiser.
C’est finalement la page perso de Marc Chantreux aujourd’hui hors ligne qui sera le premier site gĂ©nĂ©rĂ© et publiĂ© grĂące Ă Catium. A date du 11 janvier 2023 le site gĂ©nĂ©rĂ© par ce dĂ©pĂŽt est le seul en ligne gĂ©nĂ©rĂ© par Catium. Le socle du projet a Ă©tĂ© conçu et dĂ©veloppĂ© par Marc Chantreux. AprĂšs la mise en ligne de ce site le dĂ©veloppement s’est Ă©tendu Ă d’autres membres du collectif Kaztele.
Il y aurait bien d’autres choses Ă dire sur la genĂšse du projet, d’oĂč le titre de cette rubrique, Une histoire de Catium. J’invite les autres parties prenantes Ă Ă©crire la leur.
Sur la nature de Catium
Un jour Marc et moi sortions de plusieurs heures de discussions pendant lesquelles nous avons plusieurs fois fait rĂ©fĂ©rence Ă Catium comme un outil atomique, se suffisant Ă lui mĂȘme. En disant ça nous mettions peut-ĂȘtre dans la tĂȘte de nos interlocuteurs l’image d’un simple couteau qui tient dans la main, dont les contours sont nettes et la forme plus ou moins identique pour tous ses utilisateurices. En sortant nous nous sommes partagĂ©s une intuition commune : cette image n’est pas celle qui se formait dans nos tĂȘtes quand on parlait de Catium. Il est compliquĂ© de dĂ©finir le pĂ©rimĂštre exact de ce qu’est Catium.
OĂč est-ce que l’outil commence, oĂč est-ce qu’il se termine ? Qu’est-ce qui relĂšve du gĂ©nĂ©rateur et qu’est-ce qui relĂšve du contenu du site ? Ces interrogations se retrouvent dans certains choix techniques que le projet est amenĂ© Ă prendre. Ce dĂ©pĂŽt permet aujourd’hui de versionner Ă la fois Catium (sans savoir ce que c’est exactement) et le contenu du site de Katzele. Si nous voulions crĂ©er un dĂ©pĂŽt Catium pour d’autres projets nous devrions rĂ©pondre Ă ces questions pour dĂ©tricoter l’un de l’autre.
Pourquoi n’est-ce pas trivial ?
Prenons en exemple atomic, le script permettant de générer des flux atom.
Premier point d’accroche, tous les sites n’ont pas besoin d’un flux atom. Bien que ce soit souvent utile et qu’atomic soit lĂ©ger, l’inclure dans le dĂ©pĂŽt revient Ă penser que tous les projets, ou au moins une majoritĂ©, ont intĂ©rĂȘt Ă avoir un script de gĂ©nĂ©ration de flux atom.
Second point, si l’on fait le choix de l’inclure par dĂ©faut, tous les flux ne veulent pas y inclure les mĂȘmes informations. Au delĂ de la spĂ©cification des flux rss/atom, chaque projet peut vouloir mettre quelque chose de diffĂ©rent dans les balises. Par exemple la balise “content” est trĂšs libre, et son contenu peut Ă©ventuellement ĂȘtre mis en page avec de l’html. Autre exemple, un flux annonçant des Ă©vĂšnements dans le futur voudra sĂ»rement inclure la date dans le titre, la spĂ©cification atom n’ayant pas prĂ©vue de balise pour renseigner la sortie d’un contenu dans le futur. La seule date prĂ©vue est celle de publication du contenu qui ici est l’annonce au prĂ©sent de la tenue de l’Ă©vĂšnement dans le futur. Il tombe donc sous le sens qu’aucun script atomic ne se ressemblera. Quel doit donc ĂȘtre l’atomic par dĂ©faut ? Le minimum vital ? Un script gĂ©nĂ©rant un flux orientĂ© annonce d’Ă©vĂšnements ou publications d’articles ?
TroisiĂšme point, qui dĂ©coule du prĂ©cĂ©dent, un projet pourrait vouloir gĂ©nĂ©rer plusieurs flux aux formes diffĂ©rentes. Il pourrait alors vouloir plusieurs atomic. Ce qui pose la question, qu’est-ce que l’on appel atomic ? Le script par dĂ©faut tel que fourni dans le dĂ©pĂŽt source s’il existe un jour ? La version actuelle maintenue pour le site de Katzele ? L’idĂ©e de gĂ©nĂ©rer un flux atom via du shell ? Bref on en a pas fini.
Nous pourrions dĂ©cliner ces questions pour toutes les parties de Catium. Pour revenir Ă l’Ă©change avec Marc, il avait d’avantage mĂ»ri la question que moi. Catium ne devrait pas ĂȘtre pensĂ© comme, un outil indivisible mais une comme armature intellectuelle soutenant des outils, certains prĂ© existants, d’autres crĂ©Ă©s pour l’occasion. D’ailleurs pour le site de Katzele sed est un outil autant nĂ©cessaire qu’atomic mĂȘme si l’un a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© pour et l’autre non.\ Si l’on voulait pousser cette idĂ©e d’armature intellectuelle jusqu’au bout nous pourrions dire que Catium est un systĂšme dĂ©crit Ă travers de la documentation et non pas ses implĂ©mentations. Il n’existerait donc pas de sous-ensemble de ce dĂ©pĂŽt que l’on pourrait raisonnablement appelĂ© Catium. Ce dĂ©pĂŽt ne serait que la premiĂšre implĂ©mentation de Catium, celle sous une forme qui rend les services dont le collectif Katzele a besoin Ă un instant T.
Il existera probablement un jour un dépÎt Catium dont le contenu aura été le
résultat de choix plus ou moins raisonnables, fait en fonction des projets qui
veulent utiliser Catium sur le moment1. Ce sera certainement pour le mieux. Si
le concept un peu prĂ©tentieux d’armature intellectuelle nous sert Ă quelque
chose ce sera de faire sens de cette tension : construire un outil
convivialiste qui respecte autant que possible l’autonomie des personnes qui
l’utilisent en minimisant les choix qu’il vĂ©hicule et vouloir le publier
facilement n’est pas naturel. La premiĂšre caractĂ©ristique incite Ă la
construction d’une armature, l’autre Ă celle d’un outil boite noire.
Tracer le contour optimisant la convivialité et la facilité de publication
étant hasardeux, on le fera à main levée et on compensera comme il se doit, en
conversant entre humains, en vivant ensemble.